DROUOT – RICHELIEU
salle 2
21 et 22 Novembre 2013

EXPERT
Madame Martine HOUZE

ETUDE
FERRI & Associés
53, rue Vivienne – 75002 Paris

Catalogue PDF

Catalogue Le monde merveilleux de Patrick Diant

Résultat vente PDF

Tout est parti d’une collection de cannes à système héritée de son père, que Patrick Diant a étoffée puis abandonnée au profit des cannes en bois sculpté pour enfin embrasser le domaine des Arts et Traditions Populaires en général.
Un choc en pénétrant dans son sanctuaire. Quasi statufié devant la masse et la qualité des objets rassemblés, le visiteur est ensuite étonnamment séduit par l’arrangement poétique qu’il avait su composer avec chacun d’eux dans une mise en scène au dialogue silencieux.
Sa collection était donc réunie dans une seule et même pièce aux étagères garnies de livres et d’objets dans un entassement savant où chaque chose avait sa place.
Dans ce grand ordonnancement, le bois régnait en maître avec des empilements de cuillères, des rayonnages de pipes et de tabatières.
Les petits objets de dévotion côtoyaient des goûte-vin, des coffins, des rabots de luthier, des rouleaux à beurre ou à pâtisserie.
Des touches de couleurs, colliers de transhumance ou surjougs polychromes de la Gascogne, venaient subtilement égayer ces rayons de bois bruts aux reflets mordorés, polis et patinés par l’usage et le temps.
Le fer, émaillé de quelques poteries, était retranché sur un seul niveau : fouënes adossées à des livres, férules de bâton de berger autour d’un heurtoir fleurdelisé, petits compas encadrant un marteau de maréchal-ferrant gravé d’un masque feuillagé à la Villlard de Honnecourt.
Enfin, une étagère en hauteur était consacrée aux verres bleus de la Grésigne.
Des vaisseaux, verts et jaunes, de terre vernissée et des surprenantes cruches de têtes du Quercy au décor peigné envahissaient le sol, ponctué de-ci de-là par des grands pots totémiques remplis de brassées de cannes visagées.
Patrick Diant, ariégeois de souche, cultivait un goût rare pour les objets monoxyles dont la beauté réside dans leur simplicité intemporelle : série de petits pots à lait chacun caractéristique d’une vallée pyrénéenne, un porte déjeuner de berger au couvercle ajusté par une clé, un verre à boire en bois sculpté où l’outil a laissé des traces qui rappellent les irisations du verre, des marques à pain ou bougeoirs étrangement apparentés à des oeuvres de Brancusi.
Et, paradoxe, il se passionnait aussi pour les objets d’un grand raffinement, envahis par un décor foisonnant, mêlant l’humain et l’animal au végétal. D’autres, encore, racontent une histoire. Un fouet en buis du XVIIe siècle met en scène une bergère apportant le déjeuner à un berger. Une canne affirme que «nous sommes tous des conseillers et défenseurs de Bélizaire». Une quenouille est offerte en «souvenir d’une immortelle amitié». Une gourde coloquinte retrace l’épopée napoléonienne.
Comme on l’imagine, le coeur est omniprésent dans cette collection d’art populaire : on le trouve en faisselle, en emporte-pièce, en fer à beignet, en tabatière, dans les planchettes des dentellières, à la tête des quenouilles, sur les manches des cuillers ou les buscs de corsets, accompagné du lys ou en rébus.
Ce sont trente années d’une quête incessante que cet homme, tout en discrétion, apporte aux enchères publiques. Guidé par une abondante documentation et un sens aigu de l’objet, Patrick Diant a formé cette collection avec passion et toujours plus d’exigence dans la recherche de la qualité et de la beauté. Il nous offre ainsi l’incomparable bonheur de nous plonger dans son monde merveilleux.

Martine HOUZE

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