20 mai 2016
Drouot – Richelieu Salle 11
9 rue Drouot – 75009 Paris

EXPERT
Martine HOUZE
+ 33 (0)6 60 41 33 07

ETUDE
FERRI

Catalogue PDF

Collection de coiffes et bonnets alsaciens

Résultat vente PDF

Jacques Dubois et l’art populaire

Graphiste, peintre et photographe, Jacques Dubois a toujours été passionné d’art populaire. Est-ce parce qu’il était très attaché à ses racines paysannes et auvergnates par sa mère ? Est-ce également parce qu’il avait la nostalgie d’un monde perdu où l’art s’exprimait de façon simple, presque « primitive » ?
Toujours est-il que dès les années 1950, et surtout à partir des années 1960, il parcourt les campagnes à la recherche d’objets. C’est l’époque bénie pour le collectionneur où les gens cherchent à se débarrasser des « vieilleries » qui traînent chez eux depuis des générations pour les remplacer par des meubles modernes
en formica. C’est ainsi que l’on trouve des trésors dans les campagnes ou chez de simples brocanteurs ou « chiffonniers » qui ont déjà récupéré des objets dans les maisons ou les fermes.
À la toute fin des années 1960, dans le cadre de son travail comme directeur artistique, il entreprend un voyage à travers la France, pour la réalisation d’un livre de luxe pour le compte du Crédit Lyonnais. Il s’agit d’un ouvrage sur l’art populaire et le travail des compagnons du tour de France. Outre son épouse, qui va faire office de chauffeur, l’équipée comprend également Roger Lecotté, spécialiste reconnu de l’art populaire et du compagnonnage et créateur, en 1968, du Musée du Compagnonnage à Tours. Le photographe de l’équipe n’est autre que… Robert Doisneau qui, à l’époque, n’est pas encore aussi connu qu’il le sera plus tard. De ce voyage, naîtra une amitié profonde entre lui et Jacques Dubois.
Le livre, Témoins de la vie quotidienne, une référence dans le domaine de l’art populaire, sera publié en 1971.
Au fil des décennies et jusqu’à sa mort en 1994, Jacques Dubois n’aura eu de cesse de collectionner les objets d’art populaire, aux côtés d’autres antiquités, mais avec un goût particulier pour les premiers.

Une collection de référence, celle de Monsieur M.

Les pièces présentées lors de notre vente ont été rassemblées par deux collectionneurs, que leur passion commune a réunis dans les années 1960, sans considération sur leur différence d’âge. Le premier Joseph Hotermans, dit Joe, est né à l’aube du XXe siècle dans la bourgeoisie mosane. Le second, qui transmet aujourd’hui la collection, est un enfant des années 1930 de souche populaire.
Leur rencontre eut lieu tout logiquement dans les circuits de la Chine du nord de Paris parmi les biffins rabatteurs à la haute époque de la ferraille ! Un Breton, qui mettait de côté pour le premier les pièces métalliques d’âtre et de cuisine et, pour le second, les éléments luminaires, créa le contact. Ce furent dès lors une amitié passionnée, une émulation continue et un partage du savoir qui caractérisèrent leurs relations.
Joe trouvait chez son jeune suiveur un amateur déjà encyclopédique des objets civils domestiques, allergique à la préfabrication et curieux de tout ce qui avait amené la lumière avant l’électricité. Et lui-même, homme de l’industrie, avait en contrepoint la plus haute estime pour les arts populaires et de la table… depuis les instruments et ustensiles jusqu’aux assiettes et aux verres bien emplis ! Nul anorexique ne put jamais partager leur joute !
Cette complicité est fondatrice de la collection composée d’abord des collectes de Joe dans le Paris d’entre-deux-guerres. À cette époque, seuls quelques «folkloristes» prêtaient attention aux oeuvres de l’artisanat et recueillir le matériel et l’intelligence historique ne paraissait pas sérieux. Joe, à la faveur de son expertise, put alors réunir et sans doute sauver des pièces exceptionnelles.
Dans son sillage, Maurice fut, pendant les Trente Glorieuses, le protecteur de la plus grande variété des objets domestiques que les Arts ménagers condamnaient. À son tour, il rassembla avec discernement des milliers d’artefacts.
Joe disparut au milieu des années 1970, non sans avoir transmis une centaine de ses pièces à leur protecteur et promoteur le plus qualifié. Dans son sillage, Maurice a enrichi la collection et accru sa réputation nationale et internationale : au-delà du cercle savant des collectionneurs, le Ministère de
la Culture s’y est documenté dans le cadre des missions d’Inventaire du Patrimoine, et le cinéma a régulièrement mis à profit ces objets pour les reconstitutions d’époque.
La majeure partie de la collection Hotermans s’en est allée en Nouvelle France. Quelques 2000 ustensiles de la cuisine ou du foyer furent ainsi acquis par la fondation MacDonald-Stewart, un fonds considérable conservé dans un dépôt militaire britannique de l’île Sainte-Hélène à Montréal. Bon nombre de ces objets ont servi de sujets d’études et de recherches à Raymond Lecoq pour son ouvrage – qui fait toujours référence – Les Objets de la vie domestique paru chez Berger-Levrault en 1979.

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