Cette gravure sur papier vergé provient de la collection du compagnon boulanger Alain Bouchères. Après des semaines de recherches, ce fut une grande avancée quand nous avons pu déchiffrer, avec l’aide de notre ami Guy Tamain, le nom du comte Frantz Joseph von THUN sur le marteau de porte. « frappe et on t’ouvrira ».

Sous une image emblématique, apparaît un commentaire en latin, puis un idéogramme accompagné d’un alphabet numérique, et en retrait, une signature.

L’image représente un chevalier assis devant une arche, caressant un lion de la main droite et faisant rebondir une médaille dans sa main gauche. À ses pieds, une pierre tombale, un cercueil et un obélisque.

La pierre tombale porte une graphie hiéroglyphique et l’épitaphe « PSAL : CXVIII Vs 7 77 : ». Sous le cercueil et son piétement dont le profil affecte la forme d’un compas, sont disposées trois flèches dont deux entrecroisées. À droite du cercueil, une épée plantée dans un vase cylindrique décoré d’un écu ovale. Une couronne de laurier est posée sur la garde de l’épée rehaussée d’un cartouche portant le nombre 45. L’obélisque, sommée d’un soleil rayonnant et gravée de pictogrammes hiéroglyphiques, porte en tête le mot « OHAIM » (contraction de Or ‘hayim ? – hébreu Lumière de vie) et à la base « ACU/LXX ». Derrière le chevalier, un aigle aux ailes éployées est perché sur la branche d’un chêne. Devant l’arche apparaît un arc-en-ciel traversé à la hauteur de l’aigle de la mention « VIR ES » (Tu es un homme) et chargé sur son rayon supérieur du mot « MAPAZ ». En arrière-plan, une mer étale et le soleil qui se lève à l’horizon. Au zénith, dans une nuée, la pleine lune émaillée d’un cryptogramme. On aperçoit également un bateau sur le rivage et une baleine (réf. à Jonas et à Mt 12,39-40, et en parallèle avec la tombe).

L’image est accompagnée d’une légende en latin : « In Patulo tibi MASSON adest anigma paratum ;/Rem Voce aut Signis O ! mihi pande precor./Nomine qui non es MASSON, Genio tamen idem/Effer. MASSON eris, scribe vel ipse mihi. » En voici une traduction : « Malgré la banalité [de l’image], on a préparé une énigme pour toi MASSON ;/ Par la voix ou les signes, découvre-la pour moi je t’en prie./Par le nom, toi qui n’es pas [encore] MASSON, par l’esprit tu le deviendras,/ écris-le moi [quand ce sera le moment]. »

L’emploi apparemment anarchique des majuscules dans le texte laisse supposer un autre cryptage. Cet idiome repose sur une tradition hermétique. D’après le Corpus Hermeticum, Hermès grava ses secrets sur des stèles qu’il cacha soigneusement tout en affirmant : « Certains découvriront et connaîtront totalement les secrets de mes écrits et les interpréteront, et même s’ils en gardent quelques-uns pour eux seuls, ils en graveront d’autres pour le bénéfice de l’humanité sur des stèles et des obélisques. »

Sous la légende latine est représenté un marteau de porte. Le battant de forme circulaire est rehaussé de quatre croix de type celtique, disposées orthogonalement. En dessous apparaît le nombre « XLV ». Sur les ailerons de la platine se détachent deux séries de chiffres correspondant à un alphabet numérique.

La série de chiffres à gauche :
9 . 14 . 18 . 5 . 15 . 8 . 20 . 18 . 19 . 8 . 20 . 13
se lit ainsi, de la gauche vers la droite :
I . O . S . E . P . H . V . S . T . H . V . N

La série de chiffres à droite :
1 . 3 . 19 . 20 . 1 . 17 . 9 . 20 . 18
se lit ainsi, de la gauche vers la droite :
A . C . T . V . A . R . I . V . S (Secrétaire)
À gauche du marteau de porte, probablement la signature : « Invenit Napharalon Aenuthsuariut. 1087. »

XVIIIe siècle (Circa 1770/1780)

44,6 x 29 cm

Cette image nous met en présence d’un Chevalier de la Stricte Observance qui propose une énigme à déchiffrer, sous le couvert de mots et chiffres cryptés, de figures hiéroglyphiques et emblèmes christo-hermétiques. Ce langage pictural, issu des emblemata du XVIe siècle, transmet un enseignement à ceux qui sont capables de le comprendre. Si nous n’avons pas percé l’entier mystère de son secret, nous avons toutefois soulevé un coin du voile. Une voie vient d’être ouverte, des personnes plus éclairées sauront débrouiller les mots et signes inexpliqués.

Le comte Frantz Joseph von THUN (1734-1801) était un noble autrichien, occultiste, magicien apparemment très expert, ami de Diethelm Lavater, franc-maçon et dignitaire de la Stricte Observance Templière.
Dans la Stricte Observance, chaque Chevalier au moment de son armement recevait un nom d’Ordre (nomen in ordine) et une devise en latin tirée des psaumes. Le nom d’Ordre de Frantz Joseph von Thun est Eques ab Aguila Armata, d’où la présence de l’aigle branché qui figure sur notre image. Il a pour devise les versets 7 et 77 du psaume 118, épigraphe que l’on relève sur la pierre tombale et dont voici le texte :
Ps 118.7 : Je te célébrerai avec un cœur droit, en étudiant les règles de ta justice.
Ps 118.77 : Que ta compassion vienne sur moi, pour que je vive, car ta loi fait mes délices !

Créé en 1756, l’Ordre Germanique de la Stricte Observance Templière servit de fondement au R.E.R.

Martine HOUZÉ

 

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